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Quand les influenceurs sont incapables d’influencer l’assemblée nationale

Quel meilleur comble que de voir les influenceurs se casser autant les dents dans l’antre de l’influence sur la proposition de loi qui les concerne. Et pourtant c’est ce qui nous est donné à voir avec une réaction bien trop tardive, une exécution mal habile et au final une législation qui va tomber. La faute à un retard latent de 2 ans sur la réforme et 5 manquements principaux :

  1. Le fait d’avoir négligé tous les signaux faibles pour anticiper
  2. Le fait d’avoir raté la construction d’alliance et de groupement d’intérêts.
  3. Un lancement de l’UMICC plus que tardif et déjà des choses non légales.
  4. Pas de traditionnel code de conduite créé par les acteurs.
  5. La tribune en moment clé alors qu’il a tourné au fiasco

1. Ils ont négligé les signaux qu’il fallait se structurer

Le secteur des influenceurs est une guerre en retard dans leur lutte d’influence. Dans le cycle de vie d’une problématique, l’émergence de la problématique a eu lieu il y a bien longtemps. De nombreuses problématiques ont émergé. (arnaques dans les Crypto, mauvais conseil covid, cagnotte fake, et autres)

Avec en pic de notoriété de la période de problématique, un complément d’enquête houleux et qui a causé beaucoup de bruits diffusé en septembre 2022. Mais d’un point de vue institutionnelle, la loi et les actions sont évidentes depuis avril 2021 où Bruno Le Maire mettait en garde les influenceurs sur leurs responsabilités. En juillet 2022, Libération consacrait sa une aux influvoleurs. En novembre 2022, Olivia Grégoire annonçait que Bercy allait prendre le sujet des influvoleurs « à bras-le-corps d’ici quelques semaines » . En décembre 2022, Bercy organisait une table ronde avec les agences, les annonceurs et la Direction de la concurrence.

Bref, le tout était limpide et évident : l’étape de législation allait arriver. Et elle est venue d’une proposition de loi venue de l’opposition PS via Arthur Delaporte.

2. Ils n’ont rassemblé aucune partie prenante autour d’eux

Ils auraient du lier des alliés autour d’eux depuis bien longtemps. Ils ont également trop tardivement pris la notion de créateur de contenu qui ouvrait des perspectives pour se protéger sur de nombreux aspects. Enfin, aucun allié n’a été pris sur des secteurs parallèles. (médias, réseaux sociaux, agences, etc.) Forcément, ils arrivent donc quelque peu désarmés dans la lutte.

Évidemment, comme le secteur n’est pas structuré, les dispositifs de lobbying et d’influence ont également pas mal de soucis.

3. Un lancement de l’UMICC plus que tardif

Tardivement, le lobby a tenté de se coaliser en créant selon eux, en janvier 2023, l’Umic (Union Des Métiers De L’influence Et Des Créateurs De Contenu) qui malgré ses activités de lobbying sur les députés, n’est pas inscrite à la HATVP pour déclarer ses activités, ce qui est parfaitement illégal.

Son adresse est mise dans un espace de coworking du deuxième arrondissement de Paris. Ils indiquent être présents depuis janvier 2023, mais ils n’ont pas d’existence légale et ont lancé tardivement un site qui vient d’apparaitre et dont les fonctionnalités sont très légères : pas de membres affichés, pas de contenus, pas de position paper, etc.

4. Pas de traditionnel code de conduite

S’ils avaient pu se structurer dans les temps, ils auraient pu mettre en place des règles parmi leurs membres dans un code de conduite non contraignant. C’est le grand classique de l’avant-régulation : faire en sorte que les acteurs s’auto-régulent.

5. La tribune en moment clé alors qu’il a tourné au fiasco

C’est peu dire qu’avant la tribune, le nombre de conversations sur Twitter était ultra faible.

Dans les communautés à l’oeuvre, on se rend compte du poids des blagues faites sur les influenceurs qui signent une tribune sans connaître le contenu. Mais on a également une communauté crypto notamment en raison d’un événement organisé par The Big Whale avec notamment les rapporteurs de la proposition de loi. (en rose sur le-dessus)

Toujours est-il que la cartographie est très éparpillée, presque sans lisibilité et n’apporte pas grand chose pour comprendre les communautés en place, signe d’un manque de coalition. Les acteurs auraient dû au moins se supporter sur le projet de loi. Au final, ca a tourné en fiasco total avec des rétractations de signatures.

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