I. Le résumé
- L’article du JDD catalogué comme exclusivité a été particulièrement critiqué sur les réseaux sociaux, le média étant accusé de servir la soupe d’Anne Hidalgo. Celui-ci n’a pourtant pas fait l’objet d’une opération de propagation des sphères de gauche qui sont presque totalement absentes pour défendre la maire de Paris.
- La règle du contexte en communication faisant en sorte qu’il vaut toujours mieux sortir sa boule puante soit lors d’une grosse séquence d’actualité, soit lors d’une période très peu active, est encore d’application. En effet, la couverture reste très faible. Pour preuve, l’ensemble des comptes semblent centrés sur la ville de Paris, malgré des publications de comptes médias grand public comme Le Figaro, CNews ainsi que valeurs actuelles.
- Saccage Paris et sa volumétrie énorme (1,57 M de tweets en un an) malgré un nombre d’acteurs faible (67 182 acteurs) est finalement très correlée à cet épisode avec 1/4 des acteurs qui sont similaires.
- Si la manoeuvre est habile et efficace, reste à voir si le mouvement SaccageParis n’a pas encore quelques cartouches à délivrer dans le débat pour le refaire vivre dans un autre contexte !
II. Analyse
Alors que Stefan de Vries est à l’initiative, la sortie du JDD arrive comme phase visible de la divulgation des notes de frais de la mairie de Paris. En effet, tout cela semble être une sortie maitrisée après une montée en puissance du sujet suite aux issues judiciaires du dossier où le conseil d’état avait validé l’accès aux frais de note au journaliste.
Dans les réactions, on remarque qu’Anne Hidalgo est acculée, prise en étau par tous les types d’acteurs qui voudraient prendre sa place à la mairie de Paris. Notons la présence d’une communauté d’extrême droite, une communauté “Saccage Paris” avec surtout du LR ou apparentés / quelques LREM, et d’une communauté autour de Stefan de Vries. Anne Hidalgo, de son côté, semble isolée numériquement dans cette épreuve.
Focalisés sur la réforme des retraites, les politiques sont très peu présents (64 mentions, soit 0.1% des tweets) en dehors d’une très forte présence de RN (11 mentions) et de LR (43 mentions) par rapport aux autres partis politiques. Face à cette offensive, un seul politique catégorisé PS a réagi sur Twitter : Roger Madec, élu du conseil de la Ville de Paris. Ce dernier a uniquement pris la parole pour dire que cette polémique est stérile puisque la Mairesse représente la ville de Paris.
La communauté très “saccageParis” permet d’aborder le phénomène présent depuis 2 ans avec un flux de conversation extrêmement conséquent : plus de 1,57 M de tweets ont été échangés en l’espace d’un an (2022-2023) par seulement 67 k acteurs. Si on se focalise sur le mouvement, et on isole les acteurs qui ont tweeté le hashtag depuis décembre, on se rend compte que les acteurs sont globalement similaires :
D’un point de vue des communautés, on voit d’ailleurs le poids des communautés SaccageParis (rose), ainsi que LREM (rouge) et l’extrême droite (vert).
De manière générale, les opinions sont naturellement (au vu des communautés) assez négatives. On trouve cependant des logiques de justification avec :
- Une tentative de mise en contexte (importance du rendez-vous face aux frais de robe / voyage)
- La distinction entre dépenses non justifiées et frais de représentation.
- Une distinction entre Anne Hidalgo et François Fillon dans le sens où ce dernier s’était vu offrir ses costumes par quelqu’un de riche. Notons que ce narratif a fait l’objet d’une riposte sous prétexte que la somme des robes serait sous-estimée vu les marques dont on parle.
Si la manoeuvre est habile et efficace, reste à voir si le mouvement SaccageParis n’a pas encore quelques cartouches à délivrer dans le débat pour le refaire vivre dans un autre contexte !
Une étude de Romain Faure.