Et si l’article 10 devenait le dernier recours d’un Parlement bousculé par 1,5 million de signatures ? Pour rappel, le 11 juillet 2025, la pétition est mise en ligne sur la plateforme de l’Assemblée nationale. Le 22 juillet : 1,5 millions de signatures cumulées. Un record absolu depuis la mise en place du dispositif des pétitions citoyennes de l’Assemblée nationale (2020). Mais selon la députée Anne Genetet (Renaissance), cette pétition n’aura “aucun effet juridique”.
Mais alors que nous dit cette pétition ? Une promesse démocratique sans levier institutionnel ?
Cette pétition interroge la portée réelle du dispositif pensé pour “renforcer le lien démocratique”. Créée en 2020, la plateforme de pétitions citoyennes permet un débat en séance publique au-delà de 500 000 signatures. Cette initiative prolongeait une volonté d’Emmanuel Macron : des référendums à 1 million de signataires.

Article Libération, le 21 juillet 2025 (par Etienne Baldit et Chez Pol)
Cette idée est restée sans suite, mais défendue par des politiques tels que Yan Chantrel (03/05/2023) et Guillaume Gontard (10/01/2023).

Capture d’écran Follaw.SV – Publications : Tweet de Yann Chantrel
Follaw.SV : une mobilisation numérique record pour une pétition
En moins de 24h, le 16 juillet, la pétition enregistre 11 759 signatures. La journée record se tient le 21 juillet avec + 460 000 signatures.

Capture d’écran Follaw.SV – Évolution du nombre de signature pour la pétition contre la loi Duplomb
Au total, ce sont environ 583 leaders d’opinion (en 1 semaine) mobilisés sur le sujet. Avec 8 millions d’impressions, 2 000 publications et +156 000 partages.

Courbe temporelle des publications sur les réseaux sociaux – Société – Vue d’ensemble
Depuis la création du dispositif de l’Assemblée nationale en 2020, cette pétition devient la plus virale.

Capture d’écran Follaw.SV – Pétitions : par ordre décroissant du nombre de signatures
Jusqu’à présent, seule la pétition demandant la dissolution de la BRAV-M avait franchi la barre des 100 000 signatures, depuis 2020.

Courbe temporelle des publications sur les réseaux sociaux. La pétition concernant la loi Duplomb enregistre plus de bruit sur X que toutes les autres pétitions depuis 2022.
Mais en volume de tweets, certains sujets comme le glyphosate ont généré davantage de bruit sur le réseau social X.

Courbe temporelle des publications sur les réseaux sociaux. La loi Duplomb n’atteint pas encore les pics observés pour des sujets comme celui du renouvellement du glyphosate.
Quels sont les leaders d’opinion autour de cette pétition ?
Les publications ayant généré le plus d’engagement proviennent de :
- Bon Pote : 30 publications – 64 000 partages
- Cyril Dion : 2 publications – 12 000 partages
- Hugo Décrypte : 4 publications – 10 000 partages
- Hugo Clément : 3 publications – 10 000 partages

Deux profils politiques dominent en visibilité
ll s’agit sans surprise de Marine Tondelier (EELV) avec 994 000 impressions.
Mais également, de Dominique de Villepin, avec seulement 2 000 abonnés et 1 seule publication enregistrant… 551 000 impressions !

Capture d’écran Follaw.SV – Section PRM
Une couverture médiatique catalytique (entre le 13 et 18 juillet 2025)
La montée en puissance de la pétition s’ancre dans une séquence médiatique intense entre le 13 et le 18 juillet, marquée par des titres à forte viralité.
Le Monde évoque une « rupture démocratique » (714 RT), tandis que les propos clivants de Sandrine Rousseau sont largement repris par Le Figaro (580 RT) et le JDD (414 RT) : « Pesticides : Sandrine Rousseau assume “n’en avoir rien à péter de la rentabilité des agriculteurs“.

Capture d’écran Follaw.SV – Société – Articles
Cette dynamique est renforcée par des prises de parole virales sur les réseaux, comme celle de l’ancienne directrice stratégie et innovation de Seqens Élise Bordet, « ingénieure agronome et docteure en immunologie » (71k abonnés sur Instagram), dont l’analyse critique relayée par France Soir.

Capture d’écran Follaw.SV – Société – Articles
Un effet d’entraînement sur les autres pétitions ?
Ce mouvement autour de la loi Duplomb a aussi un effet inattendu : il redonne de la visibilité à des pétitions connexes, jusque-là ignorées, comme celle demandant l’interdiction stricte de l’acétamipride, lancée en juin et qui connaît un bond soudain dans les signatures ces derniers jours.
La pétition « Pour une interdiction stricte de l’acétamipride, inecticide “tueurs d’abeilles » » enregistre 2676 signatures en 5 jours.
- Avant le 15 juillet : 123 signatures en 35 jours (soit 3,5 signatures/jour)
- Après le 15 juillet : +2 784 signatures en 7 jours (+398 signatures par jour)
- Soit une croissance x23 en une semaine.

Capture d’écran Follaw.SV – Société – Pétitions
Et du côté du Parlement ?
Silence depuis une semaine.
Quatre questions restées sans réponse, durant le dernier mois : du cadmium aux océans en passant par les pesticides.
- « Les impacts potentiels de la loi Duplomb sur les océans » (Mathilde Ollivier, GUEST – Sénat), le 10/07/25
- « Dangers sanitaires des pesticides » (Jean-Claude Tissot, SER – Sénat), le 03/07/25
- « Contamination de la population au cadmium » (Claire Lejeune, LFI – AN), le 01/07/2025
- « Conséquences néfastes et dangereuses de la loi « Duplomb »» (Christophe Bex, LFI – AN), le 01/07/2025
Article 10 de la Constitution : un recours exceptionnel envisagé
Ce dimanche, Yaël Braun-Pivet s’est dite « favorable » à l’ouverture d’un nouveau débat à la rentrée parlementaire. Elle a toutefois souligné qu’un tel débat « ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée ».
De leur côté, la gauche et deux associations (la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l’association Humanité et biodiversité) sollicitent Emmanuel Macron pour qu’il engage une seconde délibération parlementaire, une procédure exceptionnelle certes permise par la Constitution, mais très rarement utilisée.
L’article 10 de la Constitution permet en effet au président de la République de demander au Parlement de revoir l’ensemble ou une partie d’un texte déjà adopté, sans avoir à justifier cette décision, ni refus possible.
Dans une tribune publiée dans Le Monde, un groupe de professeurs de droit invite le chef de l’État à recourir à cette procédure rare, qui n’a été utilisée que trois fois depuis le début de la Ve République :
- En 1983, pour éviter la promulgation d’un texte devenu inutile,
- En 1985 et en 2003, pour remédier à une déclaration d’inconstitutionnalité partielle prononcée par le Conseil Constitutionnel.
Le professeur Jean-Philippe Derosier précise qu’il ne s’agirait pas de contester la loi, mais plutôt de répondre à un “élan démocratique historique et inédit”.
👁️🗨️ Pour surveiller les prochaines séquences politiques et sociétales, configurez dès maintenant votre veille et vos alertes sur Follaw.SV 👉 https://app.follaw.sv/